C’est le rendez-vous du 31 octobre ! Celui ou sorcières, fées, Diable et fantômes sortent de leur tanière : Halloween. Et il est déjà temps de tester une nouvelle randonnée frissonnante. Après le Moulin de Perbet l’année dernière, je me suis cette fois aventurée dans les Bois de Breysse entre Alleyrac et Presailles, pour m’assoir sur la Chaise du Diable. Gare aux démons de la nuit !


Pour atteindre les bois de Breysse, il faut traverser le Monastier-sur-Gazeille et partir en direction d’Alleyrac jusqu’à voir le panneau de la Ferme des Breyssous sur la gauche. Tourner, et rouler jusqu’à apercevoir la ferme. Emprunter ensuite le chemin du Devès pour s’enfoncer un peu plus dans la forêt. Mais pas trop loin ! Très vite, un discret château d’eau apparaît. C’est là qu’il faut se garer. Extinction du moteur ! Le reste de l’aventure se fait à pied…

Je m’engage alors dans l’épaisseur des bois de Breysse. Il est déjà 16 heures et je n’ai aucune idée de la direction à suivre. Je suis mon intuition… Plus sûre que mon sens de l’orientation. Mais émerveillée par la beauté des lieux, j’oublie de paniquer. Je regarde, j’observe, et je laisse l’ambiance des sous-bois guider ma quête.

Bois de Breysse en Haute-Loire, Auvergne

A ma gauche, dans le taillis, les restes de plusieurs murets en pierre. Un ancien village de brigands paraît-il… « Des brigands si puissants et si organisés, qu’il aurait fallu l’intervention de l’armée royale pour les faire disparaître », décrit Patrice Rey, du Musée des Croyances Populaires du Monastier-sur-Gazeille. Envahis de mousse, les vestiges de ce village d’autrefois 1200 âmes semblent tout droit sortis d’un conte de fées. Alors fiction ou réalité ?

Ancien village de brigands en Haute-Loire, Auvergne

 A tout moment, je m’attends à tomber sur la chaumière d’une sorcière maléfique. Mais mieux vaut ne pas se monter la tête, je n’ai pas terminé mes recherches. La Chaise du Diable est là, quelque part dans cette forêt et il me faut la trouver avant que la nuit tombe…

Les feuilles mortes craquent sous mes pas, et à travers les arbres, le jour commence doucement à décliner. Chercher ce maudit fauteuil dans la nuit noire, ne serait-ce pas ça, tenter le Diable ? Il me faut presser le pas. Je ne marche plus, je cours ! Tantôt sur les chemins, tantôt en slalomant à travers les arbres. Quand soudain deux grands amas de rochers s’élèvent, perdus au milieu de la forêt (comme moi). J’accélère  ma course pour les examiner de plus près.

Forêt en Haute-Loire, Auvergne

Je tourne autour, par la gauche, par la droite, mais rien… Aucun siège diabolique. Fausse alerte. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! CRACK ! Des bruits de branche, des pas dans l’épais lit de feuilles rousses… Quelqu’un approche ? Pas le temps de réfléchir ou d’attendre qu’un esprit frappeur me barre la route. Je reprends ma course !

« Et si sans le savoir, j’avais vendu mon âme au Diable ? »

A une intersection, un petit panneau apparaît : « Géo site » du Grand suc de Breysse. Et si c’était ça ? Je n’ai plus rien à perdre de toute façon. Je suis donc l’indication… quand tout à coup : des bruits de sabots. Des chevaux au trot et des roues dans leur sillage… Une calèche ! Quel spectacle improbable ! Ça y est, j’ai certainement perdu la tête ! Encore un piège de cette forêt maudite. Mais non, mis à part la présence d’une calèche dans ce bois riche en folklore, rien d’anormal à bord. Juste un couple en balade…

@Géraldine Garcia

« Bonjour, excusez-moi… » L’attelage s’arrête à ma hauteur. « Vous êtes d’ici ? Vous connaissez les bois ? La Chaise du Diable, ça vous dit quelque chose ? » Il se trouve que oui, la chance est avec moi ! Pas de mauvais œil pour l’instant ! Je suis dans la bonne direction, mais il faut encore s’enfoncer dans les sous-bois. L’ambiance change… ou est-ce simplement l’heure qui avance ? Une clairière… enfin un peu de lumière ! Mais ce n’est que temporaire. Entre les arbres, une masse sombre et inquiétante se dessine. Et 4 indices indiquent que je chauffe… :

Il y a même une citrouille… Toujours plus ! A croire que tout est fait pour m’angoisser. Bref. Suivons les flèches, même si elles semblent ne rien indiquer. Quand soudain, sur les flancs d’une ancienne cheminée volcanique s’étend un véritable cimetière de basalte recouvert d’un épais manteau vert.

Le silence est pesant. Seul le vent fait danser les branches dans un murmure persistant. Comme s’il portait à mes oreilles les échos d’anciens mythes. Une mise en garde ? Peut-être. Et pour cause… Crapahutant de roche en roche, elle se dévoile enfin… La Chaise du Diable !

La Chaise du Diable en Haute-Loire, AUvergne

Une histoire de fées, Diable et sorcières

Avec sa large assise, son dossier qui me dépasse de plusieurs têtes et son accoudoir, la fameuse Chaise du Diable en impose. « On dit que dans ces bois, le Diable présidait depuis ce siège, le Sabbat des sorcières » et ses rituels démoniaques, raconte Patrice Rey.

Dans les ténèbres de la forêt de Breysse, l’histoire dit aussi qu’une fée noire se cache : la Fachineira. « Une fée non christianisée, oubliée, délaissée », décrit Patrice Rey. Une fée annonciatrice de malheurs qui inspire la crainte. Sous la lune, les fées noires apparaissent aux hommes, les attirent, les trahissent, les poussent vers le franchissement de leurs limites. « On dit que c’est elle qui leur aurait appris la sorcellerie. On a longtemps eu peur de la fée noire des bois de Breysse ! » Pourvu que la nuit soit encore loin…

Heureusement, la forêt n’est pas faite que de maléfices. Certaines créatures protectrices veillent au grain. C’est le cas de la Parisette… Une rarissime petite plante à 4 (ou 5) feuilles, ici présente en nombre. « Ces plantes seraient des fées remettant dans le droit chemin les marcheurs égarés… Et il est si facile de se perdre dans les bois de Breysse », souligne le spécialiste des légendes locales. Et ça, je veux bien le croire !

La Chaise du Diable dans les bois de Haute-Loire, Auvergne

Pour immortaliser ma trouvaille, cher Prince des ténèbres, je me suis permis de tester ton trône, le temps d’une photo. Mais loin de moi l’idée de vous froisser… Miraculeusement, j’ai retrouvé ma voiture sans encombre et j’ai repris la route de la maison au soleil couchant avec la satisfaction d’une mission réussie. Et vous saurez-vous trouver la Chaise du Diable ?

Retour à la normalité, ou presque… J’allais enfin quitter les bois de Breysse, quand un dernier obstacle s’est dressé sur ma route. Aussi improbable qu’une calèche au milieu d’un bois mystique… Je pile ! Et ma voiture s’arrête, juste à temps pour céder le passage à… un cochon.

Cochon, créature du Diable ou symbole de richesse ?

Un cochon, qui dans le folklore, n’est autre qu’une créature du Diable. Un symbole de vice et de lubricité. Et si, sans le savoir, j’avais vendu mon âme au diable ?
Heureusement, dans la culture locale, le cochon a une toute autre signification : il est un symbole de richesse et de faste. « Il nous permet de vivre au temps du Diable : l’hiver, souligne Patrice Rey. Dans les médecines paysannes, on utilise la graisse du cochon pour fabriquer des pommades et onguents réputés. C’est aussi lui qui sauve la ville d’Auzon des Anglais durant la Guerre de 100 ans. »

Ouf, finalement, j’ai peut-être échappé au pire… Mais quoi qu’il en soit, quand je me suis couchée ce soir-là, la lune était pleine.

  • Le PR 581 Le moulin du Rocher : une boucle de 12 km et 3 h 45 de marche au départ d’Alleyrac à la découverte des imposantes orgues du moulin du Rocher encaissées dans la vallée de l’Holme.
  • Le PR 203 Circuit de Charbadeuil : une boucle de 11,5 km et 3 h 30 de marche au départ de Présailles, sur les traces de la Transcévenole, entre deux volcans stromboliens à cratères incomplets, les Sucs de Breysse.
  • Le GR 40 Tour des volcans du Velay passe également par les bois de Breysse : 191.7 km pour 9 jours d’itinérance.
Fermé
Place du Vallat Château Abbatial
43150 Le Monastier-sur-Gazeille
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